Yaa Asantewaa, reine mère d’Ejisu dans l’Empire Ashanti, est une figure emblématique de la résistance africaine face à la colonisation. Née vers 1840, elle a marqué l’histoire par son courage et sa détermination à défendre son peuple et ses traditions.
Une femme d’exception dans une société matrilinéaire
La société Ashanti était structurée autour d’un système matrilinéaire, où l’héritage et la filiation se transmettaient par la ligne maternelle. Les femmes jouaient un rôle politique et social prépondérant. Elles participaient aux conseils de village, aux prises de décisions importantes et possédaient des terres. Yaa Asantewaa, en tant que reine mère, bénéficiait d’une autorité considérable et d’un grand respect. Son rôle ne se limitait pas aux affaires domestiques : elle était une conseillère avisée des hommes politiques et un pilier de la communauté.
La Guerre du Trône d’Or : une rébellion sans précédent
Lorsque les Britanniques exigèrent le Trône d’Or, symbole de la royauté Ashanti, Yaa Asantewaa refusa catégoriquement de se soumettre. Son célèbre discours, prononcé lors d’une réunion secrète, galvanisa ses compatriotes : « Si vous, les hommes d’Ashanti, n’y allez pas, alors nous le ferons. Nous, les femmes, le ferons. »
La Guerre du Trône d’Or qui s’ensuivit fut une véritable épreuve pour l’Empire Ashanti. Menée par Yaa Asantewaa, la rébellion assiégea le fort de Kumasi où les Britanniques s’étaient retranchés. Les guerrières Ashanti, aux côtés des hommes, combattirent avec une bravoure exceptionnelle, surprenant les colonisateurs qui ne s’attendaient pas à une telle résistance de la part des femmes. Selon des sources documentées, il fallut 2600 hommes envoyés par les colons britanniques pour en venir à bout de la détermination de ces résistants Ashanti.
Le rôle des femmes dans la rébellion
Les femmes Ashanti jouèrent un rôle crucial dans la rébellion. Elles fournirent aux combattants de la nourriture, des munitions et des soins médicaux. Certaines prirent même les armes et combattirent aux côtés des hommes sous la conduite de la reine indomptable. Leur participation active à la guerre démontra l’importance de leur rôle dans la société Ashanti et leur détermination à défendre leur indépendance.
Un exil forcé, mais un héritage impérissable
Malgré la défaite de la rébellion et sa capture, Yaa Asantewaa ne perdit jamais espoir. Elle fut exilée aux Seychelles avec d’autres dignitaires Ashanti tels que le souverain Prempeh I. Son courage et sa détermination inspirèrent des générations entières. En 1924, trois ans après sa mort, ses restes furent ramenés au Ghana par ses compagnons de résistance et d’exil, où elle fut honorée en tant que héroïne nationale.
Yaa Asantewaa, une icône de la lutte pour la liberté
Aujourd’hui, Yaa Asantewaa est reconnue comme l’une des figures les plus emblématiques de la résistance africaine. Son histoire est enseignée dans les écoles ghanéennes et elle est célébrée à travers de nombreuses commémorations. Son nom est synonyme de courage, de détermination et de fierté nationale.
Yaa Asantewaa reste une figure très aimée de l’histoire Ashanti et de l’histoire du Ghana pour son rôle dans l’opposition aux colons britanniques. Elle est immortalisée dans la chanson qui suit :
Koo koo hin koo
Yaa Asantewaa ee!
Obaa basia
Ogyina apremo ano ee!
Waye be egyae
Na Wabo mmode
(« Yaa Asantewaa
La femme qui se bat contre les canons
Vous avez accompli de grandes choses
Et vous avez bien fait »)
Pour souligner l’importance d’encourager plus de femmes chefs dans la société ghanéenne, la Yaa Asantewaa Girls’ Secondary School fut créée à Kumasi en 1960 avec des fonds du Ghana Educational Trust.
En 2000, pour fêter le centenaire de la rébellion, une semaine de célébration eut lieu au Ghana en reconnaissance des actes de Yaa Asantewaa. Dans le cadre de ces célébrations, un musée lui fut dédié à Kwaso dans le district Ejisu-Juaben le 3 août 2000. Malheureusement, le 23 juillet 2004 un incendie détruisit plusieurs objets historiques, dont ses sandales et ses habits de guerre (batakarikese) mais pas sa place dans les mèmoires.
Un héritage qui transcende les frontières
L’héritage de Yaa Asantewaa dépasse largement les frontières du Ghana. Elle est devenue un symbole universel de la lutte pour la justice et l’égalité. Son histoire rappelle que même face à des adversaires puissants, la résistance peut prendre de nombreuses formes et que la volonté d’un peuple peut triompher. Aussi son parcours montre que les femmes africaines n’ont pas toujours été releguées au second plan dans les sociétés pré-coloniales mais surtout elles ont été et sont toujours indispensables pour le développement et l’équilibre du continent.
Yaa Asantewaa était bien plus qu’une simple reine. Elle était une guerrière, une stratège, une visionnaire et une inspiratrice. Son exemple continue d’inspirer les femmes et les hommes du monde entier à se battre pour leurs droits et à défendre leurs valeurs, ainsi qu’à laisser les femmes déployer leurs ailes en toute confiance et sans condescendance de la part des hommes.