Imelda Savi, artiste plasticienne, chanteuse et créatrice textile, est une véritable force de la nature créative. Née au Burkina-Faso, elle puise dans ses racines africaines une inspiration inépuisable pour façonner un univers artistique riche et engagé. À travers ses toiles, ses sculptures, ses mélodies et ses créations textiles, elle explore des thèmes universels tels que l’amour, l’espoir, la femme et l’identité. Rencontre avec une artiste qui, par son talent et sa détermination, illumine le monde de ses créations.

  1. Parcours artistique

Présentez-vous à nos lectrices

Je suis Imelda Ayawa Mawulawoe SAVI. Togolaise, je suis artiste depuis petite et jai commencé à en vivre de depuis plus de 10 ans.

Pourriez-vous nous parler de votre enfance et de vos premiers contacts avec l’art ?

Disons que jai eu une très belle enfance car elle était truffée de couleurs. Mes parents nous emmenaient mes frères et moi à leurs sorties distractives et dans leur ferme pour découvrir et nourrir notre curiosité. À la maison, mon père jouait très souvent de la musique ,spécialement, de la musique classique au piano: les lyrics ou opéra. Du coup j’ai commencé à chanter depuis ma tendre enfance à l’âge de 3 ans. Ainsi furent mes premiers contacts avec l’art.
Bien que j’aime et je chante baucoup plus la musique d’opéra lyrics( musique classique), je me penche aussi sur différents courants de musique comme la musique traditionnelle togolaise, le Jazz, le blues, la soul…etc
J’anime des événements tels que les mariages, baptêmes, soirées à la demande.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir artiste plasticienne, chanteuse et créatrice de pagne batik, bogolan et d’accessoires ?

Je me souviens que depuis petite, je n’epargnais aucune surface que je trouvais. À l’école comme à la maison je dessinais sur presque tout ce que je trouvais.
Cette passion pour le dessin grandissant de jour en jour, je cherchais de la matière, ou du volume. J’avais envie que mes dessins soient “toucheables”, d’ où l’art plastique.
Je me mis à sculpter animaux, humains et aussi des formes abstraites pour des jardins publics et privés. Aujourd’hui je réalise même des bas-reliefs dans différents pays.
Pour les sculptures, j’ai eu à créer des œuvres ici dans mon pays ,au Togo,puis au Burkina Faso,en France et au Nigeria. La plupart de mes clients me viennent d’un peu partout ,en Afrique et en Europe .

Pour la musique, comme vous vous en doutez, mon envie a été nourrie par la passion de mon père.

Concernant le batik et le bogolan, c’est toujours ma passion pour l’art qui m’entraîna vers le textile. Je désssine mes propres motifs sur les textiles tels que les pagnes, t-shirts etc. Je fabrique aussi des accessoires avec du textile teinté. Je me souviens que mes premiers clients à mes débuts étaient mes proches. Aujourd’hui mes céations textiles sont appreciées et portées de par le monde.

Quelles ont été les influences majeures sur votre développement artistique?

Je dirai que c’est la quête d’un monde meilleur. Le rêve d’une paix profonde que peut-être je ne trouvais pas, qui m’a poussée à inventer moi-même mon monde où je me refugie.
Plus je cherchais de nouvelles images plus je devéloppais mes techniques artistiques.

Y a-t-il eu des événements particuliers (négatifs ou positifs) qui ont marqué votre parcours artistique?

Oh oui! La vie est faite de haut et de bas! Mais je préfère m’attarder sur les positifs. Il y en a plusieurs. Un jour, un client me contacte par téléphone pour fixer un rendez-vous afin d’exécuter une commande de sculpture. Arrivé sur le lieu de notre rencontre, il demande d’après mon patron car il pensait que j’etais celle qui introduisait les clients à un patron imaginaire. Il s’attendait apparemment à voir un homme, sinon une femme plus grande et musclée ! Je lui ai donc confirmé que j’étais mon propre patron et nous avons discuté après qu’il ait réalisé le ridicule de la situation. Loin d’être un préjugé énervant, cela m’avait surtout fait rire.

Comment décririez-vous votre style artistique actuel?

Je dirai que j’ai un style polyvalent actuellement car je suis toujours entrain d’apprendre et de pousser ma curiosité sur des sentiers non encore explorés.

  1. Techniques et inspirations

Quelles sont les techniques que vous utilisez le plus souvent dans votre travail artistique?

Pour l’art plastique, j’utilise plusieurs techniques. La plus courante est l’assemblage, le mixage ou le recyclage. La maîtrise du souffle pour ce qui est de la musique. La teinture et les dessins pour les textiles.

D’où tirez-vous votre inspiration pour vos créations ?

De la vie! De mes experiences et celles de mon entourage, de la nature et parfois de mes rêves.

Quelles sont les thématiques récurrentes dans votre travail?

La femme, l’espoir, le courage, la persévérance, la nature, l’humanité et la spiritualité.

Comment votre culture et votre identité togolaises influencent-elles votre art?

Née d’une mère burkinabè et d’un père togolais, mon art est un brassage de ces deux cultures. Il est intègre et authentique. J’y mets mon ADN.

Quels messages souhaitez-vous transmettre à travers vos créations ?

Qu’il est possible d’avoir un monde plus beau !

Votre art est-il parfois engagé socialement ?

Bien-sûr, plus haut je disais que “la femme ” fait partie integrante de mes thématiques.
Cela est incontournable vu que je suis d’abord femme et ensuite artiste. Parler des violences faites aux femmes et aux enfants, les orphelins laissés pour compte, l’abandon des personnes âgées… voici mes engagements.

  1. Processus créatif

Pouvez-vous nous décrire votre processus créatif typique?

Tout part d’une vision de ce que l’on veut créer, c’est-à-dire visualiser l’oeuvre en elle-même. Ensuite dans le temps et dans l’espace, puis la mise en place des outils ou matériaux a utiliser et la réalisation pour finir.

Y a-t-il des défis particuliers auxquels vous êtes confrontée en tant que femme artiste?

En tant que femme artiste surtout sculptrice,les gens sont beaucoup plus souvent curieux de voir mes realisations. Cela donne parfois une pression car je dois travailler plus, pour leur prouver que la femme est capable.Je parlerai aussi de toute l’energie physique et psychologique à dépenser pour la réalisation des œuvres d’art dans tous mes domaines d’exercice.

Comment les surmontez-vous?

Je garde mon objectif en tête et ne me laisse pas ébranler.Je retrousse mes manches puis je continue mon travail. Avoir une vision claire et un mental déterminé sont mes armes.

Comment gérez-vous l’équilibre entre votre vie d’artiste et votre vie personnelle?

(Rires…) J’ai une seule vie. Ma personne est artiste ! Alors comment me séparer de moi même? Plus sérieusement, il faut un organigramme pour tout gérer et bien.

Des préjugés aux demandes indécentes dans le milieu, comment vivez-vous ces situations et arrivez-vous à naviguer entre ces obstacles pour continuer à créer ?

Il suffit de se focaliser sur le but qu’on s’est fixé, travailler dans ce sens et ne pas vouloir passer par des racourcis. Seul le travail paie. Il faut rester digne, ferme devant ses principes et faire tomber les préjugés avec son talent.

  1. Impact et reconnaissance

Comment votre art a-t-il eu un impact sur votre vie et sur la vie des autres?
Utilisez-vous votre art pour changer ou faire bouger les choses ?

Oui, mon art a eu un impact positif sur ma vie car il donne un sens à mon existence, et sur celle des autres à travers les messages que je passe. Je fais de mon art un booster pour les femmes méprisées, les oprimés,les orphelins et bien d’autres. Mon art constitue la voix des sans voix!

Avez-vous reçu des prix ou des reconnaissances pour votre travail?

Non mais j’ai reçu de précieux cadeaux ! Des sourires, des yeux qui brillent, des poignées chaudes, des personnes satisfaites de mon travail et changées par son impact. Et cela vaut plus qu’un prix de reconnaissance.

Comment percevez-vous la scène artistique togolaise actuelle?

Elle est bondée de jeunes talents à mettre en lumière. Nous avons et sommes des trésors à découvrir. Je suis fière de l’évolution de la sphère artistique togolaise.

Quels sont vos projets et vos aspirations pour l’avenir?

Pour l’avenir, je voudrais restituer l’identité culturelle de nos contrées. Cette identité perdue d’une manière ou d’une autre avec l’influence des réseaux sociaux. Dans la réalisation de ce projet, je cible beaucoup plus les enfants car ils sont la relève.
Je voudrais aussi créer des emplois avec mon art.

Y a-t-il une chose que vous aimeriez partager avec le public et toutes les femmes africaines sur votre art, votre vie ou votre vision du monde ?

Peu importe le metier que vous choisissez, faites-le bien. J’aimerais surtout dire à mes jeunes sœurs qu’elles sont elles-même leurs resources pour réussir. Il n’existe aucun livre où il est attribué un métier à l’homme et un autre à la femme, alors qu’elles ne se limitent point.

Votre mot de fin.

Je vous remercie énormément pour votre interêt à ma personne.

Imelda Savi, merci beaucoup d’avoir partagé votre temps et vos réflexions avec L’Africaine. Votre passion pour l’art et votre engagement à créer des œuvres significatives sont vraiment inspirants. L’Africaine est convaincue que votre travail continuera à toucher et à inspirer les gens et surtout les femmes africaines pendant de nombreuses années à venir.

Nous vous souhaitons tout le succès possible dans vos projets futurs. Que votre art continue de s’épanouir et de répandre la beauté et l’inspiration dans le monde!

Contactez-la au +228 91578046

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