Dans les rues animées de nos villes, dans les villages silencieux, dans les foyers qui devraient être des refuges, une réalité déchirante persiste : la violence basée sur le genre continue de broyer des vies, des rêves, des destins de femmes africaines.
Le Visage Invisible de la Violence
Chaque jour, des milliers de nos sœurs, mères, filles subissent une violence qui dépasse le coup physique. C’est une violence sourde, insidieuse, qui s’immisce dans nos traditions, nos institutions, nos relations intimes.
Les Mécanismes du Silence
La violence de genre revêt des formes multiples et complexes, s’infiltrant dans les interstices les plus intimes de nos vies :
Un mari qui décide seul de l’avenir familial représente plus qu’une simple décision unilatérale. C’est un mécanisme profond de contrôle où la femme est privée de sa capacité à co-construire son propre destin. Chaque choix imposé, chaque décision prise sans consultation, érode progressivement l’autonomie et la dignité de la femme, la réduisant à un statut de sujet plutôt que d’actrice de sa vie.
Une jeune fille privée d’école pour marier un homme qu’elle n’a pas choisi incarne la négation même de son potentiel. L’éducation, ce formidable ascenseur social, lui est brutalement confisquée. Son corps devient une monnaie d’échange, ses rêves sont sacrifiés sur l’autel de traditions patriarcales qui transforment le mariage en un contrat où elle n’a aucun mot à dire. Chaque année scolaire volée est un avenir mutilé, une liberté confisquée.
Une femme licenciée parce qu’elle refuse les avances de son supérieur démontre la violence systémique qui s’exerce dans les espaces professionnels. Le chantage sexuel devient un mécanisme de pouvoir, où le corps féminin est perçu comme un territoire négociable. Refuser signifie prendre le risque de sa carrière, de ses moyens de subsistance. C’est un cruel dilemme où la survie économique est mise en balance avec la dignité personnelle.
Une fillette excisée au nom de traditions mortifères représente le paroxysme de la violence faite aux corps féminins. Ce n’est pas un acte culturel, mais une mutilation programmée qui nie l’intégrité physique et psychologique. Chaque excision est un traumatisme qui traverse les générations, un contrôle social inscrit dans la chair même des femmes.
Nos Corps, Nos Batailles
Nos corps sont des champs de bataille politique. Chaque mutilation génitale, chaque mariage forcé, chaque agression sexuelle est un acte de négation de notre humanité.
Au Congo, en Éthiopie, au Nigeria, au Soudan, partout sur le continent, nous payons le prix d’un système patriarcal qui nous considère comme des objets.
La Transformation, Notre Pouvoir
Mais nous ne sommes pas des victimes. Nous sommes des survivantes, des résistantes.
Chaque jour, des femmes portent plainte, brisant le silence qui protège les agresseurs. Chaque témoignage est un acte de courage qui fragilise les systèmes de domination, qui rend visible l’invisible, qui transforme une expérience individuelle de violence en une lutte collective.
Des femmes défendent leurs droits, devenant des avocates de leur propre liberté. Elles utilisent le droit comme un bouclier, la parole comme une arme, l’éducation comme un levier de transformation. Chaque droit défendu est une pierre ajoutée à l’édifice de l’égalité.
D’autres éduquent leurs communautés, comprenant que le changement profond ne peut venir que de la conscientisation. Dans les écoles, les églises, les marchés, elles déconstruisent les mythes, défient les normes, montrent d’autres possibles.
Des associations naissent, tissant des réseaux de solidarité. Elles offrent un soutien juridique, psychologique, économique. Elles créent des espaces de parole, de reconstruction, de résilience.
Certaines luttent juridiquement, transformant le système judiciaire de l’intérieur. Elles deviennent juges, avocates, législatrices, réécrivant les lois pour qu’elles protègent vraiment.
Notre Manifeste
Nous exigeons le respect intégral de nos droits, une justice sans complaisance, une éducation égalitaire, la fin de l’impunité, la déconstruction des normes patriarcales.
La violence de genre n’est pas une fatalité. C’est un choix social qu’ensemble, nous pouvons et devons déconstruire.
Nous sommes plus que ce qu’on nous fait subir. Nous sommes la révolution.
Un appel à la solidarité, à la dignité, à la transformation.