En plein cœur de Ganvié, célèbre cité lacustre du Bénin surnommée la “Venise de l’Afrique”, une scène inédite s’est déroulée le 21 novembre 2024 : des centaines de femmes, juchées sur leurs pirogues, ont transformé le marché flottant en forum citoyen pour les droits des femmes et des filles.

Une campagne innovante adaptée aux réalités locales

“Nous avons choisi d’aller à la rencontre des femmes là où elles exercent leurs activités quotidiennes”, explique la ministre des Affaires Sociales et de la Microfinance, Véronique Tognifodé. Une approche qui rompt avec les méthodes traditionnelles de sensibilisation, souvent cantonnées aux salles de réunion climatisées des centres urbains.

Dans cette commune où l’eau dicte le rythme de vie, la campagne de sensibilisation sur les violences faites aux femmes prend une dimension particulière. Les commerçantes du marché flottant, piliers de l’économie locale, ont pu s’informer sur leurs droits sans interrompre leurs activités. “C’est la première fois qu’une ministre vient jusqu’à nous sur l’eau pour parler de nos droits”, témoigne Bénédicte Hounsou, vendeuse de poisson fumé.

Des résultats concrets à l’échelle nationale

Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large du projet SWEDD-Bénin, qui a déjà couvert les 77 communes du pays depuis mai 2024. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 546 arrondissements sensibilisés, des milliers d’acteurs locaux formés entre décembre 2022 et janvier 2024.

Les défis spécifiques des zones lacustres

La particularité de Sô-Ava pose des défis uniques dans la lutte contre les violences de genre. L’isolement géographique et la difficulté d’accès aux services de justice rendent les femmes particulièrement vulnérables. La campagne aborde frontalement ces enjeux en ciblant les mariages précoces, les viols, le harcèlement sexuel et les mutilations génitales féminines.

Un modèle de gouvernance participative

L’implication des sages locaux dans cette campagne marque un tournant dans l’approche gouvernementale. “Cette méthode respecte nos structures traditionnelles tout en portant un message de modernité”, soulignent les sages du village de Ganvié. Une alliance stratégique entre tradition et progrès qui pourrait servir de modèle pour d’autres initiatives similaires en Afrique.

Des mesures concrètes pour l’autonomisation

Au-delà de la sensibilisation, la ministre a annoncé des mesures concrètes pour l’autonomisation économique des femmes de Sô-Ava. “Notre objectif n’est pas seulement de protéger, mais aussi d’émanciper”, insiste Véronique Tognifodé.

Perspectives

Cette initiative pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés à des défis similaires dans leurs régions lacustres. Elle démontre qu’une approche adaptée aux réalités locales, combinée à une forte volonté politique, peut transformer la lutte contre les violences basées sur le genre.

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