La journée du 10 janvier est consacrée à la fête nationale des cultures endogènes au Bénin.
Comme le rapporte La Nation Bénin, “Instaurée depuis 1994, suite au festival Ouidah 92, la fête des cultes endogènes offre l’occasion de célébrer de la diversité culturelle et cultuelle sous la bannière des divinités. Elle est consacrée par le président Nicéphore Soglo et instituée par la loi 97-031 du 30 août 1997 par le président Mathieu Kérékou.
La célébration de cette fête participe de la consolidation des fondements du développement de notre pays. Chaque 10 janvier donne l’occasion de retrouvailles entre les filles et fils béninois d’une part et des peuples d’Afrique avec leur diaspora d’autre part. Elle constitue une plate-forme d’effusion spirituelle dans le cadre de la réconciliation avec les frères déportés de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, la fête des religions traditionnelles connue plus sous la dénomination étriquée de « fête du vodoun » offre l’opportunité à la diaspora du Brésil, d’Haïti et des Caraïbes d’effectuer un pèlerinage au Bénin et de se rappeler ses origines.
Au-delà des rites, libations et sacrifices en guise de devoirs envers les ancêtres, la célébration permet de jeter un regard sur l’apport du panthéon dans le développement. Les cultes traditionnels ont participé non seulement à la consolidation des pouvoirs royaux d’antan, mais aussi à la pluralité confessionnelle dans l’unité observée dans la communauté Vodoun/Orisha. Cela témoigne de ce que la « religion première » est tolérante au regard de la diversité des cultes en son sein, aidant ainsi depuis des lustres à transcender les divergences basées sur la foi entre les individus, pour que règnent la paix et la concorde.”
LE VAUDOU AU FÉMININ
Les femmes sont des actrices incontournables de l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. Elles ont inspiré de nombreux mythes et légendes.
Leur rôle a été, et reste, décisif dans le fonctionnement de la société. Dans les pays du vodou, la femme est considérée comme le vecteur de transmission de la tradition spirituelle. Elle a le rôle de mémoire et celui d’organiser la société, la famille. Elle est également l’un des piliers de la vie religieuse et cultuelle. Les jeunes filles sont recrutées dès leur plus jeune âge pour devenir des prêtresses, chargées d’honorer les divinités vodou. D’autres femmes sont rassemblées en sociétés secrètes et chargées d’organiser les rituels et sorties de masques (grands personnages costumés). L’histoire des guerrières du royaume du Dahomey, qui impressionna tant les européens, demeure exemplaire pour témoigner de l’importance attribuée aux femmes dans la défense du territoire. Enfin, le rôle des femmes en tant que mères est fondamental. Lors d’une naissance, c’est la maman qui se met en contact avec le bokono, le “devin”, pour réaliser les rituels nécessaires à la protection du nouveau né. Cependant, malgré des rôles très importants dans la tradition vodou, l’ambiguïté et l’ambivalence sont deux notions qui restent omniprésentes dans la représentation de la femme et la place qui lui est réellement donnée. Dans la statuaire la femme est souvent mise en valeur, transcendée. Alors que dans les récits, les contes, elle est décrite plus négativement comme destructrice, possessive et dangereuse. Elle est souvent désignée comme la source des malheurs et notamment des infortunes des hommes… Cette ambivalence se retrouve bien entendu chez les déités féminines, dans leurs caractéristiques et leurs attributs. “Mami Wata” représente la mère nourricière, mais également les océans et leur puissance destructrice. Les “Gèlèdé” incarnent la force protectrice et créatrice de la vie et sont cependant aussi responsables de la stérilité…
Récit de : Adeline Beck – Commissaire de l’exposition, Vodou au Féminin, Des mythes originels aux femmes d’aujourd’hui en Afrique de l’Ouest.