Ce 31 juillet la communauté internationale célèbre la femme africaine à travers la JIFA et ce depuis 1962 (promulguée par les Nations-Unies). Cette journée ayant été officiellement consacrée en 1974, il y a donc 50 ans que des femmes africaines s’étaient réunies lors du premier congrès de l’Organisation Panafricaine des Femmes (PAWO en anglais) qui a eu lieu à Dakar, au Sénégal. Le but de ces femmes était, malgré les différences ethniques et linguistiques, d’unir leurs forces, de travailler ensemble autour d’un idéal commun notamment celui de contribuer à l’amélioration significative des conditions de vie de la femme africaine et à son émancipation.

Il me plait donc en ce jour symbolique pour la femme africaine de mettre l’accent sur les défis et les opportunités liés à l’éducation des filles (femmes de demain) en Afrique.
Il n’est un secret pour personne que l’éducation des filles en Afrique est un sujet d’une importance vitale pour le développement durable du continent. Malgré des progrès notables au cours des dernières décennies, de nombreux obstacles subsistent, entravant l’accès des filles à une éducation de qualité.

Parlant de défis, le premier que j’aimerais aborder est celui des barrières culturelles et sociales. Les normes culturelles et sociales profondément enracinées continuent de freiner l’éducation des filles dans de nombreuses communautés africaines. Les mariages précoces et forcés, ainsi que les attentes de rôles domestiques traditionnels, empêchent souvent les filles de poursuivre leurs études. Par exemple, selon l’UNICEF, environ 40% des filles en Afrique subsaharienne sont mariées avant l’âge de 18 ans, ce qui réduit considérablement leurs chances de rester à l’école. Il n’est pas à omettre aussi la question des mutilations génitales féminines qui constituent également un frein à la scolarisation des jeunes filles.
Au Bénin, la présence des textes de lois qui condamnent cette pratique n’empêchent pas que les MGF se manifestent sous d’autres formes.

Ensuite, le manque d’infrastructures scolaires adéquates représente un autre obstacle majeur. Dans de nombreuses régions rurales, les écoles sont situées loin des villages, rendant difficile l’accès pour les filles. De plus, les établissements manquent souvent de toilettes séparées et d’installations sanitaires adaptées, ce qui décourage les filles, en particulier les adolescentes, de fréquenter l’école dans certains cas.
De plus, les contraintes économiques jouent également un rôle déterminant en terme de barrières. Dans des familles aux ressources limitées, les garçons sont souvent prioritaires pour l’éducation, tandis que les filles sont tenues de contribuer aux revenus familiaux ou aux tâches ménagères. Les frais de scolarité, le coût des uniformes et des fournitures scolaires constituent des obstacles financiers supplémentaires pour les familles défavorisées. Je mets ici un point d’honneur sur la précarité menstruelle qui découle de la vulnérabilité économique accrue dont souffrent les femmes et les filles. Ainsi elles plient sous le poids financier des protections hygiéniques dans leur budget.

Enfin, les conflits armés et l’insécurité exacerbent les difficultés d’accès à l’éducation pour les filles. Dans les zones de conflit, les écoles sont souvent ciblées et détruites, et les filles sont particulièrement vulnérables aux violences et aux abus. L’insécurité pousse les familles à retirer leurs filles de l’école pour les protéger.

Néanmoins, il faut reconnaitre et saluer les efforts qui sont aussi consentis de part et d’autre pour améliorer les conditions de scolarisation des filles en Afrique.
Au nombre de ceux-ci se trouvent les différentes campagnes menées pour sensibiliser les parents à l’importance de scolariser tous les enfants peu importe le sexe. Dans plusieurs pays africains, nous observons la gratuité de l’école pour les filles jusqu’au premier cycle du collège ou à divers niveaux. En plus, il existe des initiatives d’accompagnement des filles en cash transfert comme celui proposé par le projet SWEED mis en œuvre dans quelques pays de la sous-région y compris le Bénin. Par exemple, le programme “Keeping Girls in School” au Malawi a aidé à réduire le taux d’abandon scolaire chez les filles en fournissant un soutien financier complet.

Retenons que l’éducation des filles en Afrique est un levier essentiel pour le développement durable et la prospérité du continent. Bien que de nombreux défis persistent, les initiatives et les opportunités émergentes offrent des raisons d’être optimiste. En continuant à sensibiliser, à investir dans les infrastructures et à soutenir les politiques favorables, il est possible de créer un avenir où chaque fille africaine aura la chance d’accéder à une éducation de qualité et de réaliser son potentiel.
La Journée Internationale de la Femme Africaine est l’occasion de réaffirmer cet engagement pour un avenir féminin plus radieux et surtout équitable; et de célébrer les progrès réalisés jusqu’ici !

Edéladjo Florence ODJO, Spécialiste genre

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