Une enfance marquée par l’éducation et la rébellion
Née le 25 octobre 1900 dans l’État d’Ogun au Nigeria, Funmilayo Ransome-Kuti incarne une génération de femmes africaines qui ont bousculé les normes et les traditions. Fille d’une famille aristocratique yoruba, celle qu’on connait en tant que première femme à conduire une voiture dans le Nigeria colonial, bénéficie d’une éducation privilégiée à une époque où l’instruction féminine est rare. Son parcours scolaire (à l’école des garçons d’Abeokuta), tant au Nigeria qu’en Angleterre, la confronte aux inégalités et aux préjugés de son temps. C’est à cette période qu’elle adopte son prénom yoruba, Funmilayo, en signe de rébellion contre les noms occidentaux imposés.
Une militante infatigable pour les droits des femmes
De retour au Nigeria, Funmilayo Ransome-Kuti se consacre à l’éducation des femmes et à la lutte pour leurs droits. Elle fonde avec sa belle-nièce, la mère du Prix Nobel Wole Soyinka, Eniola Soyinka l’Abeokuta Ladies Club, qui évolue rapidement en un mouvement féministe de grande envergure désormais l’Union des Femmes Nigérianes. Sous sa direction, l’association s’attaque à des problèmes fondamentaux tels que l’alphabétisation, l’accès à la santé et l’égalité des sexes.
Son combat le plus emblématique est celui pour le droit de vote des femmes. En s’alliant avec d’autres figures féminines de la scène politique nigériane, telles que Margaret Ekpo, elle met en place une stratégie de mobilisation sans précédent. Son slogan, “Pas de taxation sans représentation”, résonne encore aujourd’hui comme un cri de ralliement pour toutes celles qui luttent pour la justice sociale.
Une actrice clé de la décolonisation
Parallèlement à son engagement féministe, Funmilayo Ransome-Kuti joue un rôle de premier plan dans la lutte pour l’indépendance du Nigeria. Elle devient une figure incontournable du mouvement nationaliste et participe activement aux négociations avec les autorités coloniales britanniques. Son influence dépasse les frontières du pays, et elle noue des relations avec des mouvements de libération dans le monde entier.
Une vie consacrée à la justice sociale
La vie de Funmilayo Ransome-Kuti est marquée par une détermination sans faille à transformer la société. Elle ne se contente pas de dénoncer les injustices, elle agit pour les combattre. Son engagement en faveur des droits des femmes, de l’égalité sociale et de l’indépendance nationale en fait une figure emblématique du XXe siècle.
Ses combats la suivront jusqu’à la fin précipitée de sa vie.
Elle est défenestrée en 1978 lors de l’assaut militaire de la « République de Kalakuta », en représailles à la chanson Zombie de son fils Fela Kuti. Gravement blessée, elle meurt à l’hôpital. Son fils publiera en 1981 l’album Coffin for Head of State en son hommage.
Un héritage inestimable qui transcende les générations
Malgré les épreuves qu’elle a traversées, notamment la mort de son mari et de son père, les trahisons de certains de ses pairs, les refus de visa et l’interdiction de voyager, et les violences subies lors des différents affrontements avec les forces de l’ordre et autres, Funmilayo Ransome-Kuti n’a jamais cédé. Son héritage est immense et continue d’inspirer de nouvelles générations de militants et de militantes. Elle est un modèle pour toutes celles et ceux qui luttent pour un monde plus juste et égalitaire.
L’influence de Funmilayo Ransome-Kuti ne se limite pas à son époque. Son combat inlassable pour les droits des femmes et l’émancipation de son peuple continue d’inspirer de nombreuses générations après sa mort.
Un modèle pour les femmes africaines : Funmilayo Ransome-Kuti est devenue une icône féministe en Afrique et dans le monde entier. Son parcours exceptionnel a ouvert la voie à d’autres femmes, leur montrant qu’il est possible de changer les choses et de lutter pour ses droits.
La continuité du combat : Les organisations féminines qu’elle a fondées, comme l’Union des femmes d’Abeokuta (nigérianes), ont perduré et se sont adaptées aux défis. Les femmes nigérianes continuent de se battre pour l’égalité des sexes, s’inspirant de l’héritage de Funmilayo Ransome-Kuti.
Une référence dans la lutte pour les droits humains : Au-delà du Nigeria, Funmilayo Ransome-Kuti est reconnue comme une figure de proue de la lutte pour les droits humains. Son engagement pour la justice sociale et l’égalité inspire les militants du monde entier.
Un héritage familial : Son fils, Fela Kuti, a lui aussi marqué l’histoire de la musique et de la politique en Afrique. À travers sa musique, il a perpétué les combats de sa mère, dénonçant les injustices et les inégalités.
L’héritage de Funmilayo Ransome-Kuti est donc bien vivant. Son nom est régulièrement cité dans les discours des leaders politiques et des activistes. Des rues, des écoles et des institutions portent son nom en hommage à son œuvre.Comme en 2019, la maison où vivait la famille Ramsome-Kuti, a été réaménagée en musée pour immortaliser la vie des activistes que cette famille a portés. Fumilayo Ransome-Kuti est d’ailleurs immortalisée depuis le 17 mai 2024 au cinéma à travers un biopic produit et réalisé par Bolanle Austen-Peters. Elle est devenue un symbole de la lutte pour la liberté et l’égalité, une figure qui continue d’inspirer et de mobiliser aujourd’hui et encore bien longtemps dans le temps !