- Isidore Kouwonou
- Role,BBC Afrique
- Reporting fromDakar
- 7 mars 2024
Seule sur ce sentier vers sa maison au cœur d’un village situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Natitingou au nord-ouest du Bénin, Angèle Adougba, son enfant de deux ans au dos, presse les pas sous le poids des tiges de maniocs soigneusement posées dans une bassine sur sa tête.
Elle venait de finir une autre journée d’activités au champ, une parcelle qui ne lui appartient pas. Veuve, mère de deux enfants, cette dame qui était prédestinée à une vie calme et paisible, se voit contrainte de travailler dur dans les champs d’autres personnes pour gagner de quoi assurer les besoins de ses deux enfants et les siens.
Sa belle-famille l’a dépossédé des biens de son mari, parce que accusée d’être à l’origine de son décès, déclare à la BBC Afrique, Anne-Marie Koffi, féministe, militante des droits des femme au Bénin depuis plus de dix ans, qui cherche des soutiens pour la pauvre femme.
« On me loue pour faire des travaux au champ. En contrepartie, je reçois des produits issus des récoltes ou de l’argent. C’est avec ça que j’arrive à nourrir mes enfants », confie Angèle Adougba, qui ajoute qu’elle est issue d’une famille modeste, mais là aussi, les femmes n’ont pas droit à l’héritage, notamment à la terre cultivable.
Cette vie de Mme Adougba est malheureusement le quotidien de beaucoup d’autres femmes en Afrique, surtout dans les familles ou dans les communautés où on pense que la femme n’a droit à presque rien et qu’elle doit tout subir en silence. Adougba appartient aussi à l’une de ces communautés au nord du Bénin où la femme doit soumission totale à l’homme, à la belle-famille et qu’elle n’a pas à contredire les hommes lorsque ces derniers prennent la parole.
Mme Adougba, une battante malgré tout, s’apprête, selon ses confidences, à lancer le commerce des bois de chauffe avec les petites économies qu’elle a fait dans ses activités dans les champs.
« Soumission, peut-être. Mais pas esclave », indique la militante féministe Anne-Marie qui se bat pour les droits des femmes au Bénin et en Afrique. C’est elle le premier soutien d’Adougba.
Depuis plus d’un siècle, des femmes soutenues parfois par des hommes, mènent une lutte farouche pour l’égalité entre les sexes. On les appelle des féministes qui ont pour objectif de mettre fin au sexisme, à l’exploitation et à l’oppression sexistes et réaliser la pleine égalité du genre en droit et en pratique.
Si aujourd’hui la jeune génération a fait sien ce combat pour l’épanouissement de la femme à travers la reconnaissance entière de ses droits, il faut indiquer que la lutte est menée depuis longtemps par des devanciers qui ont fini par obtenir ce qu’on appelle « la journée internationale des femmes ».
C’est quoi la « Journée internationale des femmes » ?
C’était en 1977 (le 8 mars plus précisément) que l’Organisation des Nations Unies, à la suite de l’« année internationale des femmes » de 1975, a adopté une résolution recommandant à ses pays membres de célébrer une « journée des Nations Unies pour les droits des femmes et la paix internationale » que l’organisation finit par appelée « journée internationale de la femme ».
L’ONU est revenue sur le terme de la journée en corrigeant ce que certaines organisations internationale ont appelé erreur dans sa désignation. Ce n’est qu’en 2016 qu’elle est devenue « journée internationale des femmes ».
Avant même l’adoption de cette journée par les Nations unies en 1977, des féministes ont beaucoup mené le combat au début du 20e siècle pour les droits des femmes, notamment la fin des inégalités entre hommes et femmes.
Malgré ces luttes et l’existence de cette journée pour rappeler aux uns et aux autres les droits dont disposent les femmes, les défis qui restent à relever sont énormes, tellement les stéréotypes sont ancrés dans les habitudes, notamment en Afrique où la femme est perçue être qui doit toujours se soumettre.
Mais les textes et autres instruments juridiques pour remettre ce combat au goût du jour ne manquent pas. Des instruments que plusieurs pays africains où sévissent encore des formes de stigmatisation à l’égard de la femme, ont adopté ou ratifié. Il faut peut-être faire un retour ou scruter l’évolution de la mise à jour de ces textes préjudiciant la femme par le pays africains.
Où en est la lutte contre ces textes préjudiciant la femme dans les pays africains ?
Le constat que font les mouvements féministes aujourd’hui est qu’il n’y a pas eu d’effort spécifique pour réviser les textes préjudiciant les femmes par les pays africains. « Cependant, de nombreux pays en Afrique travaillent activement sur des initiatives d’égalité des sexes et révisent les lois et politiques pour promouvoir les droits des femmes », souligne Mme Christine Gathecha, Directrice exécutive du Collectif féministe Nala à Nairobi, au Kenya.
Selon elle, le travail concerne donc l’élimination des pratiques et lois discriminatoires, notamment celles liées à l’héritage, aux droits de propriété et au mariage. Sur ce point, des organisations comme l’Union africaine et les Nations unies continuent d’intensifier les plaidoyers pour l’égalité des sexes. Elles soutiennent les pays africains qui s’inscrivent dans cette logique.
Le Collectif féministe Nala fait également sien ce combat pour la promotion de l’égalité des sexes auprès des pays africains et leurs gouvernements. Il plaide notamment pour la réalisation des revendications élaborées dans le Manifeste des jeunes femmes africaines Pékin+25, un document politique révolutionnaire qui énonce les questions critiques concernant les jeunes femmes d’Afrique et fait des demandes pour y répondre.
« Le Manifeste a assuré un engagement clair et sans réserve des dirigeants africains, qui prennent sur eux d’intensifier les actions pour une inclusion de genre progressive aux niveaux national, régional et continental. Ces demandes garantiront que les filles et les jeunes femmes puissent participer activement, équitablement et efficacement à tous les niveaux de la vie sociale, éducative, économique, politique, culturelle, civique et de leadership, ainsi qu’aux efforts scientifiques en Afrique », ajoute Mme Christine Gathecha.
Parallèlement, des textes et instruments juridiques internationaux auxquels les pays africains ont souscrit, doivent être mis en application pour l’effectivité de la jouissance de leurs droits par les femmes, selon les féministes.
Etat des lieux de l’adoption d’instruments juridiques internationaux par les pays africains
La situation sur les droits des femmes connaît une évolution notable sur le plan international. Ceci, grâce aux instruments juridiques mis en place pour traiter du sujet, surtout la reconnaissance et le respect des droits des femmes par les pays.
Les pays africains, malgré les défis auxquels sont confrontés les féministes, ont également souscrits à ces instruments, même si l’application se révèle être un parcours de combattant.
On peut citer notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) adoptée en 1979 par les Nations unies. Cet instrument a été ratifié par la plupart des pays africains, mais selon la présidente de Women in law and development in Africa (WILDAF), Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson qui s’est confiée à BBC Afrique, certains Etats ont émis des réserves par rapport à certaines dispositions contenues dans la convention, notamment dans le domaine de la succession, du mariage, etc.
« Je voudrais faire observer que ces réserves qui signifient que les dispositions de la CEDEF ne s’appliquent pas dans ces pays pénalisent énormément les femmes », fait-elle observer.
Elle donne l’exemple de la succession avec l’héritage qui est le moyen d’accès au foncier dans beaucoup de pays africains. Les réserves qui sont émises font que les pays privent les femmes d’une ressource importante pour l’activité économique de production agricole.
« Or nous savons que ce sont ces femmes qui constituent la plus grande majorité des actifs agricoles. Il est donc évident que ces réserves constituent une injustice criarde vis-à-vis des femmes », ajoute Mme Adjamagbo-Johnson. Les pays africains, poursuit-elle, doivent lever ces réserves.
Les pays africains ont également fait un pas important en adoptant la Charte africains des droits de l’homme et des peuples relative aux droits des femmes en Afrique appelée communément le Protocole de Maputo.
C’est un instrument africain adopté en sommet par les chefs d’Etat, 45 pays sur les 55 Etats de l’Union africaine l’ont adopté. 7 pays ont signé cette charte mais ne l’ont pas ratifié, 2 pays n’ont même pas signé. « Je voudrais lancer un appel à ces pays afin qu’ils puissent ratifier », ajoute la militante des droits des femmes.
Elle relève qu’au-delà de la ratification, il se pose un problème de domestication et d’application de ces textes et instruments par les pays africains.
La présidente de WILDAF reconnaît qu’il y a eu beaucoup de réformes qui ont été faites au niveau des pays depuis l’entrée en vigueur du protocole, notamment dans le domaine du code de la famille, du foncier, de la participation des femmes en politique, du mariage, etc.
« Malgré ces réformes, il reste encore beaucoup de lois, des dispositions discriminatoires dans l’arsenal juridique des pays. Très peu de pays ont inséré par exemple la participation paritaire aux prises de décision publique et politique », regrette-t-elle en soulignant que des progrès doivent être faits dans ce domaine.
S’agissant de l’application effective, elle souligne, à titre de plaidoyer, que cela relève des responsabilités des chefs d’Etat africains. Il faut selon elle, des mesures en termes de décret et de mesures de discrimination positive. « Par exemple en matière de participation aux prises de décision publique et privée, notamment l’emploi des jeunes, l’éducation pour inciter au respect effectif des droits des femmes ».
Elle note que les budgets en Afrique restent trop peu sensibles au genre, afin que toutes les ressources humaines contribuent au développement des pays, et que les femmes en bénéficient. Et c’est tout cela qui constitue des défis dont font face les femmes dans la lutte pour le respect de leurs droits.
De nombreux défis rencontrés par les femmes dans cette lutte
Il faut reconnaître, selon ces mouvements féministes, qu’il y a eu beaucoup de progrès en matière des droits des femmes, que ce soit dans le monde ou en Afrique. Les textes et autres instruments juridiques adoptés, ratifiés et mis en application par les Etats ont joué un grand rôle dans cette évolution.
Mais cela n’a pas pour autant éviter qu’il y ait encore des défis dont font face ces femmes dans la lutte pour leurs droits. Les défis culturel et religieux sont la plupart du temps pointés du doigt par ces combattants pour les droits des femmes. La lenteur observée dans le respect effectif des droits des femmes en Afrique est d’abord liée aux normes sociales et religieuses, selon eux.
Sur le plan social et religieux
La société africaine est une société patriarcale où les femmes sont soumises aux hommes et confinées dans des tâches de reproduction alors que celles de production sont réservées aux hommes. La femme s’occupe des travaux domestiques, nourrir la famille, faire des enfants, s’occuper de l’éducation des enfants, « autant de responsabilités qui ne sont pas valorisées », selon Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Ce rôle reste ancré dans les mentalités au point où même aujourd’hui, on ne veut presque pas voir les femmes participer aux prises de décision. « Toutes ces normes sociales et croyances religieuses contribuent à créer beaucoup d’inégalités et de discriminations dont les femmes sont victimes et qui empêchent l’application effective de droits qui sont reconnus aux femmes », ajoute la présidente de WILDAF.
« Les inégalités socio-économiques persistent, entraînant des disparités en matière d’éducation, de soins de santé et d’opportunités économiques. Les normes culturelles et les attitudes patriarcales exacerbent encore la discrimination, tandis que la sous-représentation politique entrave la voix des femmes dans les processus de prise de décision », décrit Mme Christine Gathecha.
Des considérations qui impactent davantage la situation de pauvreté qui frappe les femmes, même si elles contribuent beaucoup aux activités économiques, dans le secteur agricole par exemple.
La présidente de WILDAF, quant à elle, renchérit qu’à chaque fois, ce sont les hommes qui sont mis en avant surtout dans la prise des décisions publiques. Une vision qui est complètement déphasée par rapport à la réalité aujourd’hui, selon elle. « Dans les faits, les femmes ont été amenées à jouer un rôle de plus en plus actif dans la sphère de production. Elles jouent un rôle économique important un peu partout. Dans un contexte de pauvreté qui caractérise les pays africains, elles sont amenées à assumer des charges dans le ménage rapportant des revenus très utiles ».
En dehors de ça, des obstacles juridico-politiques constituent également des défis dans cette lutte. « La violence basée sur le genre reste omniprésente et non criminalisée, avec des taux élevés de violence domestique et de pratiques traditionnelles nuisibles pour lesquelles l’accès à la justice est souvent limité, avec des protections juridiques inadéquates et une disponibilité limitée des services de soutien », note la Directrice exécutive du Collectif féministe Nala.
Défis économiques
Selon Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, les femmes constituent le maillon actif dans le secteur de l’agriculture. Mais elles sont victimes quant aux revenus qui sont les leurs dans le domaine.
« Elles sont victimes des inégalités. Inégalité dans l’accès aux ressources de production, qu’ils s’agissent de la terre, du crédit, des techniques de culture. Par exemple, en ce qui concerne la terre, on est bien obligé de noter que les hommes sont plus propriétaires ou chefs d’exploitation que les femmes », dit-elle.
Les femmes ont aussi difficilement accès aux crédits, parce que exclues la plupart du temps du système classique d’accès aux crédits, puisque ne remplissant pas des conditions, notamment ne possédant pas de terre.
Autant de situations qui confortent les mouvements féministes dans la poursuite de ce combat, surtout le transmettre à la future génération.
Comment la nouvelle génération compte poursuivre le combat ?
Il apparaît que dans ce combat, les jeunes s’impliquent de plus en plus et prennent leur responsabilité. « On observe qu’ils ont compris qu’il est important de s’organise pour faire entendre leur voix », constate Mme Adjamagbo-Johnson.
On note aujourd’hui donc des réseaux de jeunes femmes et filles qui se donnent comme objectifs la promotion de leurs droits, en se battant contre les inégalités, les discriminations, les injustices. Le réseau des Négresses féministes, par exemple, opère dans beaucoup de pays en Afrique de l’Ouest pour cela.
Egalement le réseau des Africtivistes qui regroupe non seulement des jeunes femmes, mais aussi des jeunes hommes. Des initiatives comme « les Justiciers du Sahel » permettent à ces jeunes de montrer qu’ils veulent se prendre en charge.
Le Collectif féministe Nala n’est pas du reste. Ce collectif a réussi à faire avancer 8 des 10 revendications politiques du Manifeste des jeunes femmes africaines Pékin+25, notamment les revendications pour la justice économique, la criminalisation de la violence basée sur le genre, une fin à la discrimination entre les sexes, les droits à la santé sexuelle et reproductive, l’éducation inclusive, équitable et de qualité, la justice numérique, faire taire les armes et enfin le co-leadership intergénérationnel.
Ces sujets ont été inclus dans le Plan d’action des Nations unies et le Compact pour les femmes, la paix et la sécurité et l’action humanitaire. « Il est vraiment merveilleux de voir à quel point la nouvelle génération de femmes africaines est déterminée à bouleverser le statu quo et à accélérer les progrès vers l’égalité en tirant parti de leurs voix, de leur leadership, de leur innovation et de leur action collective. Nous ne faisons pas que parler et agir, mais nous montrons la voie aux générations plus jeunes », affirme Mme Christine Gathecha du collectif.
Ces jeunes se servent agréablement les nouvelles technologies pour promouvoir les droits des femmes à travers les plaidoyers, l’activisme et le leadership, mais aussi et surtout, en exigeant des comptes des gouvernements et des institutions et en investissant dans l’éducation et l’autonomisation, pour briser les barrières et défier les stéréotypes.
Nombreux sont ceux qui pensent que la réussite de ce combat pour les droits des femmes réside dans la collaboration entre l’ancienne et la nouvelle génération de féministes.
L’approche intergénérationnelle dans la lutte
La lutte des leaders féministes pour l’égalité entre homme et femme, comme on peut le voir, ne date pas d’aujourd’hui. Elle est portée depuis plusieurs dizaines d’années par des femmes déterminées à faire valoir leurs droits au sein d’une société africaine qui continue d’avoir des préjugés sur la femme.
Heureusement, selon Mme Christine Gathecha qui représente la jeune génération dans cette lutte, il existe une interconnexion entre l’ancienne génération, ce qui assure une bonne continuité du combat. « Impliquer plusieurs générations dans la lutte pour l’égalité des sexes favorise non seulement la durabilité, mais reconnaît également l’interconnexion des questions de genre avec d’autres facteurs sociaux », reconnaît-elle.
« Nous nous ressentons que pour l’avenir du mouvement féministe, il faut impliquer de plus en plus les jeunes pour assurer la relève de ce combat féministe », renchérit Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson de WLDAF-TOGO, qui représente l’ancienne génération dans cette lutte, mais la continue aux côtés de ses plus jeunes sœurs.
Pour cette dernière, ce combat doit être pérennisé pour enrayer ce fort taux de pauvreté qui touche les femmes, la mortalité maternelle qui est de plus en plus exponentielle sur le continent africain, la mauvaise perception des droits à la santé sexuelle et reproductive.
Se basant sur le Manifeste des jeunes femmes africaines de Pékin+25, le Collectif féministe Nala, de son côté, défend également la nécessité d’un co-leadership intergénérationnel entre la nouvelle génération et les générations précédentes de leaders féministes.
« C’est pourquoi une approche générationnelle est essentielle pour faire avancer l’égalité des sexes car elle embrasse des perspectives et des expériences diverses dans différents groupes d’âge. En reconnaissant le transfert intergénérationnel de connaissances, les politiques et les programmes deviennent plus inclusifs et efficaces pour aborder les disparités entre les sexes », souligne la Directrice du collectif.
Le partage des idées entre l’ancienne et la jeune génération, poursuit-elle, favorise l’apprentissage et la compréhension intergénérationnels. « De plus, des interventions ciblées peuvent être adaptées pour aborder les obstacles spécifiques rencontrés par différents groupes d’âge, garantissant un accès et des opportunités équitables pour tous ».
« Nous avons le défi d’amener la jeune génération à être avec nous, à mieux comprendre le combat, à prendre en compte les sujets qui la préoccupent aujourd’hui, à montrer que ce combat que nous faisons, c’est pour la femme de demain qu’elle est », ajoute Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson qui indique que son réseau panafricain des droits des femmes a toujours posé un dialogue intergénérationnel afin d’impliquer ces jeunes et obtenir des avancées dans le domaine culturel, tout en minimisant le poids des normes sociales et des croyances religieuses sur les femmes.
C’est en cela que les mouvements féministes comptent inciter la jeune génération à laisser allumer le flambeau de cette lutte.
Cependant, c’est un combat de longue haleine qui requiert de la prudence surtout. Puisque certains accusent les féministes de devenir des misandres dans une société africaine dominée par des hommes.
Des erreurs à éviter dans la lutte
Les féministes ne sont pas des misandres, comme le souligne Ndèye Fatou Kane, écrivain sénégalaise, dans son livre « Vous avez dit féministes ! ». Pour elle, on peut être féministe et aimer les hommes. Ce qu’il faut, c’est de repenser les modèles d’éducation en Afrique, surtout en ce qui concerne les filles et les garçons.
Le Collectif féministe Nala, dans ce combat pour la promotion des droits des femmes, se fait très prudent pour éviter des erreurs qui peuvent porter préjudices aux acquis et braquer la société.
« Le tokenisme et l’essentialisme doivent être évités et remplacés par un engagement à reconnaître et à valoriser les expériences diverses, tout en favorisant des environnements collaboratifs et ouverts au sein des espaces féministes », souligne sa directrice.
Mme Christine Gathecha invite à assurer l’inclusivité, en évitant l’exclusion basée sur les marqueurs d’identité et en luttant pour une représentation authentique.
L’autre erreur à éviter est de « résister à la reproduction des normes patriarcales dans les espaces féministes et d’éviter de se concentrer sur un seul sujet, en plaidant plutôt pour des approches globales et intersectionnelles, nécessitant une reconnaissance de l’interaction complexe des diverses identités ».
Il n’est pas facile d’être féministe en Afrique, reconnaît Ndèye Fatou Kane, la jeune féministe sénégalaise. Mais il faut lutter pour que cette culture féministe soit ancrée dans les mentalités et surtout éviter aux femmes « les pires atrocités » dont elles sont victimes dans les sociétés africaines.
source: bbc.com