La 17e Journée mondiale de la contraception, célébrée le 26 septembre 2024, est l’occasion de rappeler l’importance vitale de la planification familiale et le choix d’utiliser les moyens de contraception pour la santé des femmes et des filles, le développement des communautés et l’égalité des sexes. Cette année le thème pour la Journée mondiale de la contraception est : « Un choix pour tout le monde. La liberté de planifier, le pouvoir de choisir ».
En Afrique, continent où les besoins en matière de santé reproductive sont immenses, cette journée revêt une importance toute particulière.
Les chiffres clés
Un besoin criant: Selon l’UNFPA, actuellement, près de 257 millions de femmes à travers le monde, la plupart vivant dans des pays à faible revenu et à revenu moyen, ne bénéficient d’aucun moyen de contraception moderne. Des millions de femmes en Afrique n’ont pas accès à des méthodes contraceptives modernes, ce qui entraîne des grossesses non désirées, des avortements clandestins et des décès maternels évitables.
Beaucoup reste à faire. Tandis que de nombreux pays ont augmenté leurs dépenses en faveur des contraceptifs, le manque de financement ne cesse de croître à l’échelle mondiale et devrait atteindre au moins 1,5 milliard de dollars dans les pays à faible revenu et à revenu moyen d’ici 2030.
Les adolescentes particulièrement vulnérables: Les adolescentes africaines sont souvent les plus touchées par un manque d’information et d’accès à la contraception.
Des disparités régionales: Les besoins en matière de contraception varient considérablement d’un pays à l’autre en Afrique, avec des disparités marquées entre les zones rurales et urbaines.
Les défis spécifiques de l’Afrique
Les préjugés culturels:
De nombreux préjugés culturels persistent en Afrique, notamment autour de la sexualité, de la fertilité et du rôle de la femme. Ces préjugés entravent l’accès à la contraception et la prise de décisions éclairées en matière de santé reproductive.
Les obstacles sociaux et psychologiques:
Au-delà des contraintes culturelles, les femmes et les filles en Afrique font face à d’autres obstacles, souvent plus subtils mais tout aussi déterminants : les jugements et les regards. Se procurer des moyens de contraception peut s’avérer une épreuve psychologique, en raison des regards accusateurs des pharmaciens, des agents de santé, et même des autres clients. Ces regards, porteurs de jugement, peuvent générer de la honte, de la culpabilité, et dissuader les femmes de prendre des décisions éclairées concernant leur santé reproductive.
Les pharmacies, les centres de santé et les hôpitaux, lieux censés apporter des soins et du soutien, peuvent paradoxalement devenir des espaces de stigmatisation. Cette peur du jugement peut conduire les femmes à différer leur visite, à choisir des méthodes contraceptives moins efficaces, ou à renoncer complètement à se protéger.
Le manque d’information: L’information sur la contraception est souvent insuffisante, voire erronée, en particulier dans les zones rurales.
Les contraintes économiques: Le coût des méthodes contraceptives, ainsi que les difficultés d’accès aux centres de santé, constituent des obstacles majeurs pour de nombreuses femmes.
La résistance des partenaires masculins: Les hommes jouent un rôle crucial dans la prise de décisions en matière de planification familiale. Or, de nombreux hommes africains sont réticents à l’idée que leur partenaire utilise une méthode contraceptive.
Les nouvelles méthodes contraceptives : une opportunité pour l’égalité
Si les préservatifs restent un moyen de contraception essentiel, de nouvelles méthodes, telles que les pilules contraceptives pour hommes, pourraient révolutionner la planification familiale. En permettant aux hommes de prendre une part plus active dans la contraception, ces nouvelles méthodes pourraient contribuer à réduire les inégalités de genre et à encourager une plus grande responsabilisation.
Les bénéfices de la contraception pour les femmes et les filles
Au-delà de la simple prévention des grossesses non désirées, la contraception offre aux femmes et aux filles de nombreuses opportunités :
Prendre le contrôle de leur vie sexuelle: La contraception permet aux femmes de décider librement et en toute connaissance de cause quand et si elles souhaitent avoir des enfants.
Planifier leur avenir: En leur donnant la possibilité de contrôler leur fécondité, la contraception permet aux femmes de planifier leurs études, leur carrière et leur vie de famille.
Réduire les risques pour la santé: La contraception contribue à réduire les risques de complications liées à la grossesse et à l’accouchement, ainsi que de maladies sexuellement transmissibles.
Favoriser l’autonomisation: En leur donnant les moyens de choisir, la contraception contribue à l’autonomisation des femmes et à leur émancipation.
Accroître l’égalité des sexes: En permettant aux femmes de participer pleinement à la vie économique et sociale, la contraception contribue à réduire les inégalités entre les sexes.
Des recommandations concrètes
Pour améliorer l’accès à la contraception en Afrique et en maximiser les bénéfices, il est nécessaire de :
Renforcer les systèmes de santé: Investir dans la formation des professionnels de santé, améliorer l’équipement des centres de santé et faciliter l’accès aux services de contraception.
Lutter contre les stéréotypes et les tabous: Mener des campagnes d’information et de sensibilisation pour déconstruire les préjugés culturels liés à la contraception et à la sexualité.
Impliquer les hommes: Sensibiliser les hommes à l’importance de la planification familiale pour eux aussi et les encourager à soutenir leurs partenaires dans leurs choix.
Favoriser l’éducation sexuelle: Éduquer les jeunes dès le plus jeune âge sur la sexualité, la contraception et les IST.
Développer des programmes adaptés aux besoins des adolescentes: Mettre en place des programmes spécifiques pour répondre aux besoins particuliers des adolescentes en matière de santé reproductive.
Faciliter l’accès aux méthodes contraceptives modernes: Renforcer la disponibilité et l’accessibilité des méthodes contraceptives modernes, notamment pour les femmes vivant en milieu rural.
Soutenir la recherche: Encourager la recherche sur de nouvelles méthodes contraceptives, plus efficaces et mieux adaptées aux besoins des populations africaines.
L’accès à la contraception est un droit humain!
La Journée mondiale de la contraception est un moment clé pour rappeler l’importance d’une planification familiale accessible à tous. En Afrique, il est urgent de lever les obstacles culturels, économiques et sociaux qui empêchent les femmes d’exercer pleinement leurs droits sexuels et reproductifs. L’émergence de nouvelles méthodes contraceptives offre une opportunité de repenser la planification familiale et de promouvoir une approche plus équitable et inclusive.